Sur le chemin des homicides
(Deux histoires...deux destins...)
Loin de ses terres il finit son verre
Le corps fatigué, le coeur qui se serre,
Noie dans l'amer ses heures démunies
Une photo entre ses doigts jaunis,
Paie l'addition et dit d'un ton défait
Au barman inquiet "Gardez la monnaie!"
Puis tel un fantôme sort du café
Qu'une bourrasque essaie de recoiffer.
Il hante rues et quais jusqu'à l'impasse
Ignorant le Pont des Arts tête basse,
Mire un instant son sort dos au vieux Louvre
Qui en témoin muet de gris se couvre,
Puis traine les pieds le long de la Seine
Le regard vide ressassant sa peine,
Prend tout son temps sous la pluie qui le guide
Sur le sombre chemin des homicides.
Il se dit qu'il n'en a plus rien à faire
Qu'il lui faut achever la triste affaire,
Se grille une dernière cigarette
Qu'aimait tant lui allumer sa Florette
Nue sous les draps dévoilant sa blancheur,
C'était avant...Oh c'était le bonheur!
Qu'un chauffard un soir a réduit en miettes
Sur les clous qui mènent aux oubliettes.
Quelques bouffées masquent ses yeux brouillés
À ce passé refusant de rouiller,
Qui de vague à larmes à harceler
Ne voit ses coups le faire chanceler.
Il s'approche du bord, sourit au ciel
Avant de basculer sous l'arc-en-ciel
Dans les eaux profondes du désespoir
Qu'une lune embrunie brille en miroir...
Je traine les pieds le long de la Seine
Le regard fixe repensant ma peine,
Prends tout mon temps sous la pluie qui me guide
Sur le troublant chemin des homicides,
Je me dis qu'il n'y a rien d'autre à faire
Qu'il me faut refermer la triste affaire,
Me penche sur ton visage radieux
Que le vent déchire enfin en adieux,
Sous les clameurs d'un ivrogne aux abois,
Étouffant le râle de mes émois
Et tes mots durs que les ans ont bravés
Pour qu'aujourd'hui mieux qu'hier soit gravé!
Alors allez savoir pourquoi...j'ai ri!
Brûlant mes joues déjà bien aguerries
Puis balancé sur les flots impassibles
Ton ombre au lit des souvenirs paisibles...
...
Sur ce fameux chemin des invalides
N'y voyez pas que meutres ou suicides,
Un jour je reviendrai m'y promener
Le pas léger, par la main emmenée...
Judy
Dernière édition: