Le message d'un frère
Je me sens coupable que ma naissance ait fait souffrir ma mère,
Et que la nature sembla mourir pour fêter ma venue sur terre,
Je me sens coupable d’avoir été abandonné deux ans plus tard,
Dans une institution où l’éducation est dans un grand placard.
Je me sens coupable de n’avoir jamais trouvé la moindre place,
Dans ces tentatives de formatage où je restais toujours de glace,
Je me sens coupable de ne pas avoir écouté tous ces mensonges,
D’avoir voulu rester libre et rebellé en cassant toutes leurs longes.
Je me sens coupable de n’avoir jamais après pu dans leurs yeux voir,
La peur que j’inspirais, je venais d’autre part, mais content de le savoir,
Je me sens coupable d’avoir été manipulé, sans comprendre l’histoire,
De faire ma vie de gamin dans leur monde compressé et jusqu’au soir.
Je me sens coupable d’avoir grandi toujours accusé de tous leurs maux,
Comme si ils voulaient que je devienne un bandit et non pas un cerveau,
Je me sens coupable de n’avoir jamais répondu, d’avoir garder la douleur,
Du tort qui m’était fait, leur haine a bien fini de me sortir de ma torpeur.
Je me sens coupable d’être devenu plus tard, ce qu’ils pensaient plus tôt,
D’avoir fais mille délits, mille crimes de vie, la prison pour très bientôt,
Je me sens coupable d’être passé à travers les mailles, en étudiant le jour,
Que mes semblables faillibles, payèrent très cher le prix de leurs atours.
Je me sens coupable d’avoir plus tard cherché à les aider et pour cause,
Les héberger, c’était pas les sauver, ça a fais de ma vie une ecchymose,
Je me sens coupable longtemps après d’avoir continuer à en fréquenter,
Jusqu’au point de rupture, au retour dans une vie de coins mal famés.
Je me sens coupable d’en être sorti sans pouvoir les aider, c’est la vie,
Les choix sont en chacun, ou tu restes droit, ou tu dévies et c’est fini,
Je me sens coupable d’être devenu ce qu’ils voulaient et d’en être sorti,
Et qu’aujourd’hui j’ai ma famille mais plus aucun ami, mes chers similis.
Je me sens coupable d’avoir des enfants à éduquer sans exemple à montrer,
Sans aucune expérience d’une vraie vie de famille pour pouvoir expliquer,
Je me sens coupable d’être une erreur d’éducation qui s’en sort malgré tout,
En vivant sans espoir, sans couleur, comme un paria, partout on me désavoue.
Je me sens coupable d’être insensible au bonheur ou au malheur des gens,
Et de me satisfaire de mon bien être, malgré ce que disent les bien pensants,
Je me sens coupable d’être vivant face à tous ces morts qui seraient mieux là,
Pendant que je prive la terre de son oxygène si chère et si précieuse ici bas.
Je me sens coupable de me méfier de mon prochain avant de l’avoir rencontré,
Et d’avoir raison de ne vivre que pour moi puisque tout le monde le fait,
Je me sens coupable d’aimer une vie qui ne m’aimera jamais, de rester en vie,
Pendant que d’autres meurs de tout et de rien et que l’on se plaint de peu ici.
Je me sens coupable de continuer de picoler pendant que d’autres souffrent,
Et de continuer de fumer, de faire du sport, de profiter, méritant le souffre,
Je me sens coupable d’être jeune, d’avoir la vie devant moi et de me plaindre,
De vouloir toujours plus, pendant que d’autres n’ont rien et toujours de geindre.
Je me sens coupable d’être innocent des crimes qui me sont imputés gratuitement,
J’aurais au moins une réelle raison d’être coupable et de me venger véritablement,
Je me sens coupable de la douleur que je provoque par mon bonheur malgré ma vie,
De tout ce monde qui ne surmonte pas quelques mépris et qu’il y ‘a pire aujourd’hui.
Je me sens coupable d’avoir appris à toujours me relever après un coup qu’on a subit,
Et de continuer, même si tout est contre nous, même si la vie veut que l’on meurt ici,
Je me sens coupable d’être heureux passagèrement tous les jours, d’en trouver la raison,
Et de penser que le monde tourne, que l’eau se boit, que le reste passe, devant contrition.