J’ai dans mes souvenances cette tante « Alchachienne »
Dont l’accent, plus tard, me portait au fou rire
Et me poussait fort souvent à traduire
Tels les « ch’est pas à moi ch’est la chienne » c’est pas à moi c’est la sienne
« Ch’aimais » cette vieille tantine,
Elle m’intriguait par sa curieuse silhouette…
Elle se plaisait à me chantonner des contines
De sa petite voix fragile et fluette,
« Ch’avez fous planter des choux »
Etait de loin ma préférée,
Je croyais qu’elle savait planter des sous
Et me disais qu’à la nuit tombée j’irai les déterrer !
Mais j’hésitais entre les laisser germer et grandir
Pour voir son potager se couvrir de pièces d’or et d’argent
Et contempler les billets avant de les cueillir
Que je partagerai à coup sûr avec mes parents…
Je cassais ma tirelire afin de m’approprier son contenu
Demandais à exécuter de menus travaux
Contre quelques piècettes sonores et bienvenues
Ainsi des graines de « choux » j’en avais tout un lot !
Et je m’exerçais à devenir un bon jardinier
En suivant les consignes de la chanson
Je plantais successivement avec mes mains, avec mes pieds,
Avec mes doigts, mes coudes, sans aucune malfaçon,
Je n’oubliais pas de planter avec ma tête, avec mon nez
Et d’arroser matins et soirs mes prometteuses semailles
Maintenant il fallait attendre sans m’impatienter
Sûr ! à la prochaine fenaison je ferai ripailles…
J’épiais tout les jours le jardin de ma tante
Puisqu’elle avait planté bien avant moi
Afin d’examiner la nature de ses plantes
A quoi je devais m’attendre… ma foi…
Quelle ne fut ma déception, il n’y avait que des choux !
Des choux verts, des choux rouges, des frisés,
Et pas le moindre buisson à sous !
Désabusé je me mis à pleurer…
Ma tantine s’est égosillée de rire à cette aventure
Me consolant en me disant « qu’un chou n’était pas un chou »
Et me régalant de tartines de confiture
Je reconnu ma bêtise à vouloir planter des sous…