Reconstruction de Notre Dame, premières nouvelles :
● De 5 à 20 ans pour reconstruire la cathédrale
«On doit pouvoir
reconstruire cette charpente et ce plafond en 5 ans», a affirmé Emmanuel Macron mardi soir. Toutefois, ce point de vue est loin de faire l’unanimité. Les pronostics sont très variables. D’après l’animateur de télévision Stéphane Bern, chargé de la mission et du loto du patrimoine, il faudra «dix à vingt ans minimum» pour opérer la restauration complète de Notre-Dame de Paris. De son côté, l’ancien ministre de la Culture Jack Lang estime qu’il «faut se donner, non pas dix ans, quinze ans, mais trois ans». Quant au sous-directeur général à la culture de l’Unesco, il estime qu’il «est prématuré de savoir combien de temps prendra la reconstruction. En revanche ce que l’on peut dire c’est que la France est mieux préparée que bien d’autres pays dans lesquels de telles catastrophes se sont produites. Les inventaires sont actualisés et les archives de 800 ans d’histoire sont à jour. Ainsi, les premières phases de reconstruction à partir des archives seront rapides». Avant d’attaquer les travaux, il faudra tout de même évaluer les dommages, arbitrer sur les manières de procéder et sur les appels d’offres. Les travaux préparatoires, d’assainissement, de consolidation, de séchage prendront également du temps. Selon les experts, les entreprises compétentes, qui disposent des savoir-faire nécessaires, devraient pouvoir ensuite mener la restauration relativement vite.
Rappelons que, dans la nef, la charpente avait été mise en place entre 1220 et 1240.
• 1300 chênes pour reconstruire la charpente
Il a fallu 1300 chênes pour construire la charpente de la cathédrale il y a huit siècles, ce qui équivaut à «au moins 3000 mètres cubes de bois», selon le groupe Charlois, premier producteur français de bois de chêne. De son côté, l’assureur Groupama, investisseur institutionnel et propriétaire terrien, a justement «offert» 1300 chênes centenaires, prélevés dans ses forêts normandes, nécessaires à une reconstruction de la charpente à l’identique. Pour être utilisé pour une reconstruction à l’identique, les chênes devront avoir été plantés au plus tard au XIXe siècle. Composée d’un enchevêtrement de poutres massives de dimensions impressionnantes, plusieurs fois rénovée depuis le XIIe siècle, la charpente de Notre-Dame était en effet constituée de «chênes d’Île-de-France» âgés déjà de 100 à 150 ans au moment de la construction de l’édifice, selon Michel Druilhe, président de l’interprofession France Bois Forêt.
Toutefois, rien ne garantit que la structure sera refaite à l’identique. Lorsque la charpente de la cathédrale de Notre-Dame de Reims a été détruite en 1914, elle a été reconstruite avec une charpente en béton armé après 20 ans de travaux. Après un incendie qui a dévoré la cathédrale Notre-Dame de Chartres en 1836, la charpente est partie en fumée et reconstruite, deux ans plus tard, avec une charpente métallique et une toiture en cuivre. Plus proche dans le temps,
c’est une charpente métallique qui a été utilisée pour reconstruire le Parlement de Bretagne, bâtiment du XVIIe siècle, ravagé par un incendie en 1994.
• Au moins 450 artisans mobilisés
Le secrétaire général des Compagnons du devoir Jean-Claude Bellanger a alerté sur «un manque de main-d’œuvre en France en tailleurs de pierre, charpentiers et couvreurs». «Pour le chantier de reconstruction, il faudrait que dès septembre nous recrutions en apprentissage 100 tailleurs de pierre, 150 charpentiers et 200 couvreurs»,
«Les Compagnons du devoir forment chaque année environ 1000 charpentiers, 700 couvreurs et 450 tailleurs de pierre», a-t-il précisé. Ainsi, sans recrutements supplémentaires de compagnons formés, l’afflux d’apprentis sur le chantier de Notre-Dame risque de se faire au détriment d’autres chantiers. Source: " Médias, sciences et nature".