On appelle ça une grenade. Je ne suis qu’un pauvre acteur dans ce cinéma muet et sourd.
La poussière m’empêche de voir et je suis prisonnier de ce silence. Mais je peux sentir la mort et son parfum.
Seul et pourtant tant entouré, gris est ce ciel, rouge est la terre. C’est notre Destin...
Au milieu des corps, il n’y a pas de place pour la vie, ni pour les larmes, ni pour l’amour.
L’audition me revient. Le soldat James regardait son chargeur, vide. Vide comme son regard.
Cette tranchée n’allait pas tenir, il faut partir mes frères.
Au final, on court sans but car à chaque recoin nous attend un enfer.
Les balles sifflent leurs chansons, les cris en sont les choeurs mais s’égarent.
Nous étions tous devenus cinglés. On tirait sur tout ce qui bougeait.
Nous étions jeunes mais déjà sans vie. Peur ? Pas le temps d’avoir peur.
Pourquoi mon père est-il fier de moi ? Je suis un tueur.
Je tue pour mon pays car c’est mon premier amour. Je suis français.
A mes parents, à mon frère, à mes compagnons
Je vous aime. Je vous aime à en mourir...
Je regrette ce que je suis devenu, je veux rentrer à la maison.
Ne me pleurez pas mais voyez mon sourire.
On appelle ça la guerre.
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