Je suis parti pour ma chère patrie, fleur au fusil
Quittant ma famille, aux quatre coins mes jeunes amis.
Inconscient de l’horreur, de l’ennemi qui m’attendait
J’étais fier de défendre l’honneur d’un pays blessé.
Des mois de tranchées et d’éternelles heures d’attentes ;
Des lettres parsemées, des milliers de doigts sur détentes.
Je tire sur les étrangers d’en face, sur mes frères
Insouciant que je suis de les expédier en enfer.
Je ne m’imaginais rester tant de temps dans le froid
Dans la boue parmi les corps raides, sans profonds émois
Sauf pour ceux devenus amis, gisant ici et là.
Comment ai-je pu rester de marbre face à cela ?
Peut-être pour offrir à ma patrie la liberté,
Ou bien simplement par habitude au fil des années.
Par survie même si la mort apparaît moins terrible
Mais la peur me fait prier Dieu et jurer sur la Bible.
Vous qui êtes au chaud dans vos demeures et vos chaumières
Veillez à votre liberté, entendez mes prières
N’oubliez l’horreur de la guerre qui vous a sauvée
Pensez aux alliés disparus pour le drapeau français.