L'ivrogne
A regret je vais le vider, ce verre qui me détruira,qui prendra mon salaire et ne me laissera rien !
Que la bouche pâteuse et le regard vide, mais le regret n’y fait rien ;
déjà ma main enserre le flacon et mon bras le porte à ma bouche comme si je n’étais plus maître de mon corps,
la mémoire répond encore et me laisse entrevoir ma vie comme elle aurait dû être ;
une maison en belle pierre, un jardin clôturé de barrières, une boîte à lettres avec les noms de famille, et sur la pelouse,des balançoires.
Au lieu de cela j’ai préféré l’évasion sans retour, ce chemin que l’on prend sans pouvoir le quitter par faiblesse, par facilité…
Ce verre, je vais le boire ; personne ne m’attend, ni femme ni enfant. J’y penserai demain ;
aujourd’hui, j’ai soif d’arriver à ce moment qui m’empêchera de penser.
Armand Voss