Rendez-moi les troquets qui tanguaient sous la lune
Rendez-moi l'eau des quais, ses violettes d'or,
Et ces aubes dans moi qui déversent encor
Éblouis leurs nuages où perce la grand hune.
Ô Fugueuse jolie, sur un lit de fortune,
A ma lèvre assoiffée, à mes doigts frémissants,
Offres dans les frissons de ce jours finissant,
Ton ventre effarouché coiffé de mousse brune.
Rends-moi les blonds lilas, ouvre ta noire bouche,
Verse sur mon chagrin une poudre d'azur,
Ange des carrefour fais éclater le mur
Qui retient prisonniers mes bars aux ombres louches !
Ô ma candeur perdue, Ô cœur devenu lourd,
Ô mon cœur clos, mon cœur gémissant sur la cendre,
Bleuets éteints, jour vain sur quoi ne va descendre
Ni chandelles, ni feu pour éclairer les cours,
Rends-moi les rues d'avant, fait ressurgir les berges,
Le bronze de ton front semble-t-il à frémis
Bel ange, sur ton œil en mourant le jour mit
Cette étoile inouïe qui danse sur les cierges,
Avec ses fleurs pourries et ses tôles dormantes,
Avec ses enfants nus sous un ciel de printemps,
Rends-moi le clair ruisseau, et ces adolescents
Qu'enlacent sans désir les eaux calmes et lentes...
Que des landes les vents ameutent les esprits,
Que les calvaires enfin rayonnent de lumière,
Ô retrouver gisante au creux de la bruyère
Et revêtue d'éclairs ma vieille féerie !
Mais je suis le mal né, et la face des anges
Garde sous mes sanglots leur fatale douceur,
Les cassolettes d'or leur douceâtres vapeurs,
Mon ombre agenouillée sous les voûtes dérange...
Je marche dans la nuit, nu pieds, jamais ne vient,
La dentelle du jours où le nuage rose,
Seul le vent gémissant m'accompagne morose
Éloignant mon pas lourd des hauts-lieux païens...
Amour,Ô doux amour, j'ai cru à ta blessure !
Et ma poitrine émue quand tu m'as visité
Fut inondée des feux et des ors de l'été
En mon hiver venu j'en garde la morsure,
Disparu de mon ciel est ton œil, ta joue blonde
Offre à d'autres amants sa neige et ses velours.
Jamais ne reviendra le miracle des jours,
Ni leurs naïves fleurs, ni leurs diaphanes ondes...
Ni l'alouette ni sous moi les pierres rondes
Qui chantaient sous mes pas, ni la gaîté des Ifs
Ni les azurs porteurs d'îles blanches et d'esquifs
Ni les vergers en fleurs, ni la beauté du monde...
Ô ma belle moisson, Ô ma douleur chérie,
Ô ma maison perdue, Ô les mortes colombes.
Ma chanson qui berçait ma bouche endolorie
S'est éteinte en ce jour qui va saignant et tombe,
Sur ce pays brûlé que tu n'habite plus.
Sur ce cœur dévasté et nu que l'ombre mange,
Rends-moi les noirs noëls qu'embaumait une orange
Rends-moi les verts sentiers qu'un gosse avait élu...
Frédéric.
Rendez-moi l'eau des quais, ses violettes d'or,
Et ces aubes dans moi qui déversent encor
Éblouis leurs nuages où perce la grand hune.
Ô Fugueuse jolie, sur un lit de fortune,
A ma lèvre assoiffée, à mes doigts frémissants,
Offres dans les frissons de ce jours finissant,
Ton ventre effarouché coiffé de mousse brune.
Rends-moi les blonds lilas, ouvre ta noire bouche,
Verse sur mon chagrin une poudre d'azur,
Ange des carrefour fais éclater le mur
Qui retient prisonniers mes bars aux ombres louches !
Ô ma candeur perdue, Ô cœur devenu lourd,
Ô mon cœur clos, mon cœur gémissant sur la cendre,
Bleuets éteints, jour vain sur quoi ne va descendre
Ni chandelles, ni feu pour éclairer les cours,
Rends-moi les rues d'avant, fait ressurgir les berges,
Le bronze de ton front semble-t-il à frémis
Bel ange, sur ton œil en mourant le jour mit
Cette étoile inouïe qui danse sur les cierges,
Avec ses fleurs pourries et ses tôles dormantes,
Avec ses enfants nus sous un ciel de printemps,
Rends-moi le clair ruisseau, et ces adolescents
Qu'enlacent sans désir les eaux calmes et lentes...
Que des landes les vents ameutent les esprits,
Que les calvaires enfin rayonnent de lumière,
Ô retrouver gisante au creux de la bruyère
Et revêtue d'éclairs ma vieille féerie !
Mais je suis le mal né, et la face des anges
Garde sous mes sanglots leur fatale douceur,
Les cassolettes d'or leur douceâtres vapeurs,
Mon ombre agenouillée sous les voûtes dérange...
Je marche dans la nuit, nu pieds, jamais ne vient,
La dentelle du jours où le nuage rose,
Seul le vent gémissant m'accompagne morose
Éloignant mon pas lourd des hauts-lieux païens...
Amour,Ô doux amour, j'ai cru à ta blessure !
Et ma poitrine émue quand tu m'as visité
Fut inondée des feux et des ors de l'été
En mon hiver venu j'en garde la morsure,
Disparu de mon ciel est ton œil, ta joue blonde
Offre à d'autres amants sa neige et ses velours.
Jamais ne reviendra le miracle des jours,
Ni leurs naïves fleurs, ni leurs diaphanes ondes...
Ni l'alouette ni sous moi les pierres rondes
Qui chantaient sous mes pas, ni la gaîté des Ifs
Ni les azurs porteurs d'îles blanches et d'esquifs
Ni les vergers en fleurs, ni la beauté du monde...
Ô ma belle moisson, Ô ma douleur chérie,
Ô ma maison perdue, Ô les mortes colombes.
Ma chanson qui berçait ma bouche endolorie
S'est éteinte en ce jour qui va saignant et tombe,
Sur ce pays brûlé que tu n'habite plus.
Sur ce cœur dévasté et nu que l'ombre mange,
Rends-moi les noirs noëls qu'embaumait une orange
Rends-moi les verts sentiers qu'un gosse avait élu...
Frédéric.