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LES QUATRE SAISONS

#1
LES QUATRE SAISONS
Y a-t-il une bonne raison
Pour déclencher une guerre à la belle saison ?
Adolescents, jeunes adultes ouvriers, employés, artisans ou patrons
On les a envoyé dans les prés par millions
Servir de chair meurtrie aux canons
Et laver ainsi l’orgueil des princes, des rois ou des pharaons...


Le premier été fût très court ;
Il suffit de quelques jours
Pour qu’ils disparaissent par milliers ;
Surtout ces soldats vêtus comme les coquelicots,
La veste bleu le pantalon rouge, rasés ; tous, si beaux ;
Mais alors, quelles cibles magnifiques dans ces champs cultivés...


Vint le premier automne, les feuilles mortes sur la terre
Les cadavres mutilés enchevêtrés sanguinolents, les vivants se terrent
Les obus sifflent explosent éparpillent la nature et les chairs ;
Les hommes deviennent des rats qui se taisent en peine ;
La terre devient boueuse sous une pluie froide quotidienne,
La tranchée ensevelie les corps morts ou vivants, les enchaînent...


Des vagues déferlantes d’hommes gris terreux,
Se déversent sur les flancs de monticules herbeux
Où même la fleur, la plante sont griseux ;
Plus de nature, plus d’humanité, juste la baïonnette
L’euphorie de la violence, de l’horreur ; c’est le plus fort qui fait la fête ;
Triste fête, où celui qui survit se sent mort-vivant, vide, inhumain, pas net...


Arrive le premier gel des idées de l’esprit, vint la glace de l’hiver froid,
L’eau neigeuse gelée ; les corps se glacent, les blessures givrent
L’alcool de bois remplace le café froid, les hommes s’enivrent,
Plutôt enivrent leurs misères, leurs peurs, arrachent les pages de leurs livres
Pour se protéger du gel qui transperce la peau jusqu’à l’émoi
Frisquet jusqu’à leur sexe ; ils ne ressentent plus rien d’autre que l’effroi...


La terre givrée des tranchées s’est endurcie sans pitié,
Pour les mains, les genoux, les visages, les pieds
Tout se fige d’une pièce frigide, glaciale, grise, atterrée,
Les yeux creusent les visages torves, ébahis, hébétés
Même les sourires émaciés restent tristes à pleurer
De voir tous ces pauvres gars écorchés, déchirés par les barbelés...



Ces barbelés qui crochètent les vêtements, mettent
La peau en loques, grasses, visqueuses ; ils déchirent les vestes
Béantes mettent toutes les chairs à nu jusqu’au squelette ;
Et puis on discerne des casques accrochés aux pieux
Plantés dans la neige grise, boueuse, de vieux pieux
Aussi vieux que tous ces enfants hommes dont le vœu pieu...


Est unanime ; demain regarder le printemps renaître
Aussi beau que celui de l’année passée peut être
Aller cueillir les fleurs, ne plus penser à devoir paraître
Heureux, puisque sans guerre la vie ne peut pas disparaître,
Et pis voir le muguet, la violette, les pensées réapparaître,
Voir la jolie jeune fleurette faire battre son cœur à passer devant sa fenêtre...


Nenni il faut laisser cette pensée à l’intérieur de soi
Comme ses premières amours que l’on laissent au fonds de soi
Brûler les désirs tuer les sentiments comme l’huile de poix
Brûlait et tuait tous ces hommes qui se battaient pour une foi ;
Aux lieux merveilleux de paix de beauté de sérénité de joies,
Seulement plus du tout d’humanité ; juste la déraison ou la mauvaise foi...


Ceux qui se battent, espèrent la fin de ce mauvais combat
Où cet homme ce frère ce cousin et ce voisin ici bas
Se détruit se pulvérise se transperce, se brise, se bat
Sans plus d’humanité, ni d’horreur ni de discernement, ni sans débat ;
Voilà que meurt le premier printemps déjà et on voit là déjà
Combien de millions sont morts pour une vérité universelle cette année 14 là...


Combien de millions d’êtres sont morts pour l’unique vérité qui est celle-là
Pour vous les jeunes pour moi pour nous tous ici et là
La liberté la fraternité l’égalité mourir d’abord pour ça
Tous ces pauvres gars sont morts pour toi pour moi pour ça...
Et toi là,
Tu trouves à redire à ça?...

Georges Adrien Paradis à Limoux le 6 novembre 2013 à 11h30