Je ne rentrerai pas ce soir
L’autoroute défile dans mon rétroviseur,
L’autoradio pousse mon pied sur l’accélérateur,
Un souffle de liberté m’enveloppe toute entière
Je laisse le fil mes pensées ….si loin derrière.
Je ne rentrerai pas ce soir
La nuit me guidera au hasard….
Les yeux éblouis par les phares
Que je croiserai dans le noir
Impression de vouloir échapper à la vie
A ce présent qui au fond de moi, rugit
Comme un fauve blessé, fatigué
Apeuré, si seul face à la réalité.
Les yeux éblouis par les phares
Que je croiserai dans le noir
Je ne rentrerai pas ce soir
La nuit me guidera au hasard.
Les mains crispées sur le volant, j’agrippe le temps
Comme si je voulais que tout s’arrête juste un moment
Retrouver la petite fille que je fus, insouciante et si sage
Mais les images de l’enfance se perdent au premier virage.
Je ne rentrerai pas ce soir
La nuit me guidera au hasard
Le cœur lourd chargé de désespoir
Tout me semble si dérisoire.
Comme un monstre terrifiant et affamé, ma voiture
Dévore les kilomètres, les uns après les autres, à vive allure
On se croirait dans un mauvais un film catastrophe de série B
Où tout s’effondre sur le bitume dès que le héros est passé.
Le cœur lourd chargé de désespoir
Tout me semble dérisoire
Je ne rentrerai pas ce soir
La nuit me guidera au hasard.
L’amour n’a plus la saveur du temps des cerises, des premiers émois
Insipide, fade, dans la routine, chaque jour un peu plus je me noie
Il n’y a pas de fautif, il n’y a que nos sens enchaînés par les responsabilités
Qui font de nous, des êtres qui se fondent dans une société aseptisée
Je ne rentrerai pas ce soir
La nuit me guidera au hasard
Je m’enfonce dans le brouillard
il est déjà si tard…..
Et je m’éloigne, m’éloigne de plus en plus de la maison
Mon esprit ne veut plus, ne peut plus entendre raison
J’ai un nouvel avenir devant moi, tout tracé
Ces lignes blanches sur l’asphalte mouillé.
Je m’enfonce dans le brouillard
Je ne rentrerai pas ce soir
La nuit me guidera au hasard
Il est déjà trop tard….
Mon pied d’un coup, appuie le plus fort possible sur la pédale de frein
Dans un crissement de pneu comme un cri de souffrance au lointain
Je ne sens plus que mon cœur qui bat si fort, instinct de survie
Perdue dans mes pensées, je n’avais pas vu l’obstacle qui a surgit.
Je stoppe ma voiture à la première borne d’arrêt d’urgence
En moi, soudain, s’est apaisée toute cette violence
Ces sentiments d’impuissance, culpabilité, de détresse
Tout s’arrête quand on frôle bêtement la mort de justesse……
Je compose sur mon portable le numéro de mon mari
Au beau milieu de la nuit, il doit s’être endormi
Il décroche, en râlant, c’est normal, tant pis
« Attends moi, j’arrive mon chéri »
Plus rien ne me semble dérisoire
La nuit ne me guidera plus au hasard
Le cœur lourd mais chargé d’espoir
Je rentre chez moi ce soir…….