S'il fallait un seul adjectif
Pour qualifier ce guitariste
Au rire communicatif
Ce serait bien le mot "artiste"
S'il fallait un seul sentiment
Pour qualifier ce troubadour
Ce serait naturellement
Évidemment le mot "amour"
Henri Cording [comme il se nomme
Les premiers temps dans le métier]
Naît de Clovis [pas le grand homme]
Mais d'un percepteur guyanais
On est en mil neuf cent dix-sept
La guerre en Europe fait rage
Or notre Clovis ne s'inquiète
Car pour se battre, il n'a plus l'âge
Mais la métropole l'attire
Lors, Clovis et ses trois enfants
Sachant juste lire et écrire
Rejoignent tous le continent
Henri laisse là ses études
Pour chanter avec son frangin
Les premières années sont rudes
Dans les cabarets parisiens
Parallèlement il gratouille
Une vieille guitare en bois
Et de temps en temps il chatouille
Une batterie dans un bois
Il passe des journées très longues
À écouter Duke Ellington
Count Basie ou bien Louis Armstrong
Dont son cousin l'approvisionne
Le jazz, tel que le joue Henri
Avec son parfum de Saint-Barth
Petit-à-petit le conduit
À jouer avec Django Reinhardt
À vingt ans, il fait son service
Il déserte et on le rattrape
Alors on lui serre la vis
En le mettant au trou, à Trappes
À Trappes ou à Maisons-Laffitte
Où, tant dans ce lieu il renâcle
Qu'au front, on l'expédie bien vite
Mais bien vite c'est la débâcle
Quelques mois après, il est libre
Il quitte la zone occupée
Et regagne la zone libre
Où il va pouvoir s'occuper
Cette année-là, il se marie
Avec une très jeune fille
Une insulaire comme lui
De Corse et non pas des Antilles
Ray Ventura le trouve allègre
Bon guitariste et bon chanteur
Lors, dans son orchestre, il l'intègre
Et en fait son porte-bonheur
Car un génie en lui, sommeille
En plus de ses dons et son charme
Il imite si bien Popeye
Que tout l'orchestre en rit aux larmes
En mil neuf cent quarante-sept
Henri quitte le maestro
Pour se présenter en vedette
Sur la scène de Bobino
Il obtient le grand prix du disque
De l'Académie Charles-Cros
Puis avec Mistinguett se risque
À l'A.B.C. pour faire un duo
Là, il rencontre Jacqueline
Et, divorcé d'avec Lili
Il en fait une concubine
Et son imprésario, aussi
La France entière se trémousse
Dans "Le travail, c'est la santé"
Puis avec "Une chanson douce"
Les Français sont émerveillés
En chantant le "Blues du dentiste"
Les spectateurs sont effrayés
Mais avec "S.N.C.F. twist"
Le public est prêt à danser
Avec "Zorro est arrivé"
Les enfants enthousiasmés
Avec le "Twist de l'enrhumé"
Les parents sont frigorifiés
En pleine période "Yé-yé"
Les jeunes et les vieux l'adorent
On le voit chez les "Carpentier"
Et plus souvent aux "Salves d'or"
En mil neuf cent soixante-seize
D'un cancer se meurt Jacqueline
Choqué, Henri fait un malaise
Et pendant trois ans, il décline
Peu à peu, il se ringardise
Et comme l'énergie lui manque
La télévision l'utilise
Pour deviser sur la pétanque
Henri, nouveau septuagénaire
Repart sur de nouvelles bases
Il enregistre pour se plaire
À New-York un disque de jazz
Mais c'est un ratage complet
Alors Henri ne persévère
Lorsqu'un jour Benjamin Biolay
Lui compose "Jardin d'hiver"
C'est le retour gagnant-gagnant
Du crooner avec son public
Qui pour encor six ou sept ans
Vivent des heures idylliques
En deux mil sept, pour ses adieux
Il laisse beaucoup de regrets
Il remplit de larmes les yeux
Aussi le Palais des Congrès
Trois mois après, le pauvre Henri
Tire au monde sa révérence
Et dans un coin du paradis
Son rire rompt le grand silence
Pour qualifier ce guitariste
Au rire communicatif
Ce serait bien le mot "artiste"
S'il fallait un seul sentiment
Pour qualifier ce troubadour
Ce serait naturellement
Évidemment le mot "amour"
Henri Cording [comme il se nomme
Les premiers temps dans le métier]
Naît de Clovis [pas le grand homme]
Mais d'un percepteur guyanais
On est en mil neuf cent dix-sept
La guerre en Europe fait rage
Or notre Clovis ne s'inquiète
Car pour se battre, il n'a plus l'âge
Mais la métropole l'attire
Lors, Clovis et ses trois enfants
Sachant juste lire et écrire
Rejoignent tous le continent
Henri laisse là ses études
Pour chanter avec son frangin
Les premières années sont rudes
Dans les cabarets parisiens
Parallèlement il gratouille
Une vieille guitare en bois
Et de temps en temps il chatouille
Une batterie dans un bois
Il passe des journées très longues
À écouter Duke Ellington
Count Basie ou bien Louis Armstrong
Dont son cousin l'approvisionne
Le jazz, tel que le joue Henri
Avec son parfum de Saint-Barth
Petit-à-petit le conduit
À jouer avec Django Reinhardt
À vingt ans, il fait son service
Il déserte et on le rattrape
Alors on lui serre la vis
En le mettant au trou, à Trappes
À Trappes ou à Maisons-Laffitte
Où, tant dans ce lieu il renâcle
Qu'au front, on l'expédie bien vite
Mais bien vite c'est la débâcle
Quelques mois après, il est libre
Il quitte la zone occupée
Et regagne la zone libre
Où il va pouvoir s'occuper
Cette année-là, il se marie
Avec une très jeune fille
Une insulaire comme lui
De Corse et non pas des Antilles
Ray Ventura le trouve allègre
Bon guitariste et bon chanteur
Lors, dans son orchestre, il l'intègre
Et en fait son porte-bonheur
Car un génie en lui, sommeille
En plus de ses dons et son charme
Il imite si bien Popeye
Que tout l'orchestre en rit aux larmes
En mil neuf cent quarante-sept
Henri quitte le maestro
Pour se présenter en vedette
Sur la scène de Bobino
Il obtient le grand prix du disque
De l'Académie Charles-Cros
Puis avec Mistinguett se risque
À l'A.B.C. pour faire un duo
Là, il rencontre Jacqueline
Et, divorcé d'avec Lili
Il en fait une concubine
Et son imprésario, aussi
La France entière se trémousse
Dans "Le travail, c'est la santé"
Puis avec "Une chanson douce"
Les Français sont émerveillés
En chantant le "Blues du dentiste"
Les spectateurs sont effrayés
Mais avec "S.N.C.F. twist"
Le public est prêt à danser
Avec "Zorro est arrivé"
Les enfants enthousiasmés
Avec le "Twist de l'enrhumé"
Les parents sont frigorifiés
En pleine période "Yé-yé"
Les jeunes et les vieux l'adorent
On le voit chez les "Carpentier"
Et plus souvent aux "Salves d'or"
En mil neuf cent soixante-seize
D'un cancer se meurt Jacqueline
Choqué, Henri fait un malaise
Et pendant trois ans, il décline
Peu à peu, il se ringardise
Et comme l'énergie lui manque
La télévision l'utilise
Pour deviser sur la pétanque
Henri, nouveau septuagénaire
Repart sur de nouvelles bases
Il enregistre pour se plaire
À New-York un disque de jazz
Mais c'est un ratage complet
Alors Henri ne persévère
Lorsqu'un jour Benjamin Biolay
Lui compose "Jardin d'hiver"
C'est le retour gagnant-gagnant
Du crooner avec son public
Qui pour encor six ou sept ans
Vivent des heures idylliques
En deux mil sept, pour ses adieux
Il laisse beaucoup de regrets
Il remplit de larmes les yeux
Aussi le Palais des Congrès
Trois mois après, le pauvre Henri
Tire au monde sa révérence
Et dans un coin du paradis
Son rire rompt le grand silence