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DEJA L'HEURE...

fil2fer

Poète libéré
#1
J’ai vu l’homme marcher
D’un pas qui se dépêche
Poursuivi par la flèche
Tirée par mon archer.
(Le temps)




Déjà l’heure


- I -

Quand les tonneaux d’avril
Regorgent d’une eau neuve,
Plongeant au plein baril
Toute bouche s’abreuve,

Fraîche et prête à briller
La graine se délivre
Et décide qu’il est
Déjà l’heure de vivre,

Empressés, les bourgeons
Ouvrent leurs ailes blanches,
Et comme des pigeons
S’alignent sur les branches.

La vie de ses poumons
Aux souffles grandioses
Gonfle mille boutons
Et déplie mille choses.

Les pinsons, les perdrix,
Fabuleux architectes
Ont garni leurs abris
Et chassent les insectes.

Les pinceaux du printemps
Vite peignent la fresque
Tout rit comme à vingt ans
En ce jour pittoresque !

Dans ses vives couleurs
L’esquisse se dévoile
Pour qu’aux jours de chaleurs
L’été signe la toile.


- II -

Pris dans ce même élan
L’homme est dans la nature
Un grain qui fait son plan
Et part à l’aventure.

Il pousse insoucieux
Sans penser qu’en ce monde,
Le temps minutieux
Facture à la seconde,

Que vivre c’est nager
Aux bouillons des eaux vives
Être un peu naufragé
Le cœur entre deux rives

Que l’on nage d’un bord
D’une vie si propice
Vers l’autre bord, la mort,
Qui n’est qu’un précipice.

Aux jeunes bien portants
Une heure, un jour, qu’importe !
A vingt ans, à trente ans
C’est la vie qui est forte,

Quand elle tend le fil
De leur âme, vers elle,
Et tire dans l’avril
Ce fin bout de ficelle.

C’est le jour sans la nuit
Le beau midi qui sonne
Et l’heure du minuit
N’intéresse personne.

C’est l’heure de la fleur
La vie belle à l’extrême
Qui fleurit dans le cœur.
Et il pousse un poème !

C’est l’heure aussi d’aimer,
Dans l’instant rien ne presse.
L’homme est fait pour semer
Au temps de la caresse.

Et il vit sans compter
Quand l’heure vagabonde
Lui peint à volonté,
Seconde après seconde,

L’image d’Épinal
Qui masque l’évidence
Que vers un point final
Le temps marche en cadence.


- III-


Le temps n’est pas donneur !
Nulle joie n’est gratuite !
Et aux jours du bonheur
L’horloge bat plus vite.

Alors, comme un été,
Qu’un hiver sait soumettre
Ce que l’homme a été
Soudain, ne peut plus l’être.

La vie a pivoté
D’avant en arrière
Et vers l’autre côté
Ouvre sa barrière

Alors, sans s’effacer,
Hier se rembobine.
Le temps est du passé,
L’effroyable machine !

Et il faut accepter
Que la vie, fil sublime,
Débutant d’un côté
De l’autre se termine..

- IV-


Alors l’homme a compris
Que le temps le condamne.
Chaque jour, c’est le prix,
Un rien de cœur de se fane,

Un rien de tout se fond
Le temps, suprême force,
Sur ses joues de chiffon,
Met les plis de l’écorce.

Et puis le cheveu blond
N’est plus de paille tendre
Le cheveu de charbon
Vire au gris de la cendre

C’est la fin de l’été !
La vie comme une sotte
Ce qu’elle a tricoté
Soudain, le détricote.

Le cœur va s’éclairer
D’une ultime étincelle,
A la mort de tirer
Désormais la ficelle.

- V -


Ainsi être vivant
Fut la belle manière
D’être un être émouvant
Qui fait de la lumière,

Qui éclaira la nuit
Dont l’ombre fut rougie,
Mais la flamme qui luit
Fait fondre sa bougie,

Et l’homme scintillant
D’une clarté suprême
Pour être si brillant
Dut se brûler lui-même.

C’est cela exister
Danser comme une flamme
Rien ne peut subsister
Que le filet d’une âme !

- VI -


Demain est sans objet
C’est la fin de l’automne.
L’avenir est léger
Et hier fait sa tonne.

Et, comme un mauvais sort,
Sonne l’heure abhorrée
D’aller fouiller la mort
Cette ombre inexplorée.

La vie c’était cela ?
Un bout de temps qui passe !
Et l’homme sait qu’il a
Le cœur a marée basse,

Que tout naît pour périr
Qu’ici rien ne demeure
Et avant de mourir
Il s’écrit : « déjà l’heure ! »

- 2018 -

 

thesmile

Maître Poète
#2
"Il pousse insoucieux
Sans penser qu’en ce monde,
Le temps minutieux
Facture à la seconde,"


Celui-ci j'aime beaucoup! Merci pour ce partage intéressant, qu'il m'a plu de lire et que je relirais pour être sûre de n'avoir rien loupé!
Bonsoir Fil2fer, heureuse de te revoir :)
A bientôt!
 

Philaly

Maître Poète
#3
Avril s'est découvert d'un "Fil"2fer.

C’est l’heure de la fleur
La vie belle à l’extrême
Qui fleurit dans le cœur.
Et il pousse un poème !


Au printemps de la vie, tout est léger, insouciance, le temps ne semble pas compter son heure ' dans l'instant, rien ne presse"
Puis il file à toute vitesse, et
Et puis le cheveu blond
N’est plus de paille tendre
Le cheveu de charbon
Vire au gris de la cendre


on n'a rien vu venir...et il est déjà l'heure...
Et il faut accepter
Que la vie, fil sublime,
Débutant d’un côté
De l’autre se termine..


quelle sagesse dans ces métaphores des saisons de la vie !
Vivons intensément, aimons-nous vivants.

Bises.
 

JPdeLille

Maître Poète
#4
J'avais zappé cette belle réflexion sur le temps. Pris par le temps qui passe trop vite, des trésors nous échappent.
Un plaisir de te lire mais la privation va nous peser tant qu'elle durera.
Merci petit Bouchon d'avoir fait remonter celui là... Tu es si précieuse. Mes amitiés à ton chéri. Bisious