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La pire des bergères (ou la victoire des agneaux)

fil2fer

Poète libéré
#1

La Pire des bergères
(ou la victoire des agneaux).


Au nom de notre amour j’aime aussi tes secrets?
Je t’ai donc demandé de lever tes mystères.
Et soudain tu t’es mise à parler de ta mère…
Peut-on imaginer que cette histoire est vrai ?


Elle
« Je porte dans mon cœur bien dix vies de douleur
Et ce cœur qui parfois m’est un trop lourd bagage
Je veux bien vous l’ouvrir, dire mon témoignage,
En tentant cependant de sauver ma pudeur.


Je vais dire merci maman, je vais l’oser,
Pour m’avoir fait gouter au plus méchant des mondes.
Si j’adore aujourd’hui la moindre des secondes,
C’est que j’ai ton exemple et vais à l’opposé.


Tu étais sur le faible, adulte triomphant,
Tout le poids de la haine et sans instinct de mère.
Merci de m’avoir fait esclave en ta galère,
De m‘avoir interdit, un jour, d‘être une enfant.


Te souviens tu du jour, ou papa est parti ?
Quel enfer prés de toi ce brave homme a du vivre
Pour ne pas supporter que sa vie se poursuive
Au cœur de la maison où dormaient ses petits ?


Mon cœur en porcelaine et ton pied d’éléphant
M’ont fait subodorer ce que la haine engendre
Que tu t’appliquerai à mettre en tas de cendres,
Mes espoirs de papa et mes rêves d’enfant.


Tu croyais follement pouvoir nous séparer ?
Toi, la pauvre maman ? Lui, ce salaud de père ?
Souviens-toi que je suis ton exemple contraire,
Et c’est mon père, seul, que je veux adorer.


Tu nous voulais un père absent et étranger,
Dans ta triste folie qui n’est pas passagère.
Nous étions les agneaux de la pire bergère,
Qui mena le troupeau au plus loin du berger


---

Alors que nous vivions en pays girondin,
C’est tout à fait normal, de nuit, on déménage !
Tout juste avons-nous pris de minimes bagages.
Adieu Médoc natal déjà tu es trop loin.


Nous voici en cavale, allant à Rochefort,
J’ai onze ans. Mon statut ? Clandestine.
Tu nous traines sur tes chemins de Palestine,
Si papa est au sud, maman fuit vers le Nord.


Tu mets papa au loin, sa faute ? Nous aimer !
Tout dans tes scénarii nous promet la misère
Avec interdiction de réclamer le père,
Disons … sur ce sujet … il faudra la fermer.


Papa n’est pas le seul à te mettre en péril
L’huissier et les banquiers suivraient bien notre piste
Trop d’autres créanciers ont ton nom sur leur liste,
Tant de bonnes raisons qui valent notre exil.


Je ne suis pas la seule à vivre sous ta loi,
Si tes deux grands enfants ont vite pris le large
Deux derniers de couvée font partie du voyage,
Et je deviens l’aînée et leur mère à la fois.


Plantée à Rochefort, depuis cinq ou six mois,
Tu mets au bas monde encore une dernière.
Tiens donc chère maman dis-nous qui est le père ?
« Non ! Il n’y a pas de père, et la gosse est pour moi. »


---

J’ai pu m’habituer aux mauvais traitements
A voir en Cendrillon ma petite jumelle,
Apprendre que l’amour n’est pas pour ma gamelle
Tout cela fit de moi un fier témoin gênant.


J’ai pu m’habituer à tes marques de soins,
Je me revois glisser sur le dos, sur les fesses
Dans cet appartement où tes seules tendresses
Etaient de me trainer mes cheveux dans tes poings.


J’ai pu m’habituer à tes emportements,
Je sais que tu voyais en moi aussi mon père
Je lisais tout cela dans tes yeux de vipère,
L’insulte, de tes yeux, m’était un compliment.


J’ai pu m’habituer à cet appartement,
Sans frigo en été, en hiver sans chauffage
A quoi sert le confort pour des petits sauvages
Qui ont droit aux bougies à défaut de courant.


Puis, je trouvais normal, que nous vivions cloîtrés
Dans un appartement sans odeur de cuisine,
Dans la chambre d’enfants sans livres de comptines,
Sans un adulte fort qu’on pourrait adorer.


Oui je trouvais normal, que très souvent tu fuis
Pour faire des choses, au dehors, sous la cape.
Tu fermais bien la porte ayant peur qu’on s’échappent.
Préférant ta belotte ou l’amant d’une nuit.


Te voir partir le soir faisait notre bonheur,
Le calme et ton absence étaient une caresse,
Nous jouions à nos jeux sans trop de gentillesse,
C’est ça quand votre mère à l’âme d’un boxeur.


Et puis tes mensonges : « Papa battait maman »
Condamnée à t’entendre, Hélas ! Et à perpette
Sentir tout ton dégoût s’enfoncer dans ma tête.
« Mais ils s’en fout de vous, papa a ses enfants »


Sur mon galet de tête inlassable ressac,
Tes marées de rancœur cognaient coûte que coûte
« Papa battait maman ». Un beau matin on doute !
Le vrai et le mensonge enflent le même sac.


T’as cru gagner ta guerre ? Et bien non ! Je te dis
Tu n’as pas eu le gain d’une seule bataille,
Car dans mon cœur d’enfant deux choses se chamaillent
L’Odeur qui sort de toi et son parfum à lui.


Non ! Papa ne nous a jamais abandonnés,
Il nous cherchait partout, frappait à chaque porte,
Sa détermination était tellement forte
Que ciel et terre furent tout retournés.


Mon père nous aimait je le sais maintenant,
J’ai avec mon papa plein de points comparables,
Te ressembler serait pour moi insupportable
Je veux pour mes enfants la meilleure maman.


Je suis sortie de toi, une première fois
Le jour ou je suis née….Ma seconde naissance
C’est quand je suis sortie de ta triste existence.
Et cet accouchement fut sans douleur … Pour moi.


Tu vis au loin c’est mieux, perdue dans tes aigreurs.
J’ai retrouvé papa, refais sa connaissance
Et cela constitue ma troisième naissance,
La bonne, la dernière où j’ai droit au bonheur.


Je vois souvent aussi mes frères et mes sœurs.
Contre ta volonté notre fratrie s’adore
De l’amour dans le cœur j’en ai, j’en ai encore.
Mais ne t’invites pas au festin du bonheur.!


Alors pleures moins fort le petit orphelin,
Si tu étais mon frère imagines ta mère !
Un tout dernier message à dire à la mégère…
J’ai l’amour de mon père et fais mon deuil du tien …


Je jette au loin de moi le reste du récit
Je vis dans la douceur, elle a grandi la gosse.
J’aurais tant désiré que l’histoire soit fausse.
Mais ce que j’ai écrit, je l’ai vécu aussi.


Fil2fer
Qui l’a écrit pour Elle, et avec Elle.
Le 30/06/2011.


 
 
#4
Une vie tumultueuse comme bien d'autres, j'ai connu la meme histoire pour mon père, querelles d'adultes lorsque l'on est enfant....un père à qui l'on interdit de voir sa progéniture, qui hélas disparu avant de l'avoir réellement connu, une triste réalité entre un monde parents/enfants, en tout cas tu as pris une belle revanche sur la vie, et d'avoir retrouvé ton papa, et tout ceci t'as rendu plus fort, non ? salut mon ami
 

fil2fer

Poète libéré
#5
Mes chers amis ce texte n'est sans doute pas assez clair. Excusez-moi de mes humaines maladresses. C'est l'histoire vraie (j'ai bien dit vraie) de ma compagne et soyez assurés qu'elle vous a épargné le pire de sa vie. Je l'ai incitée à raconter son histoire par ma plume car il y a tellement, tellement de mères comme la sienne sur terre et sur créapoème. Je me souviens d'un poème déchirant, son tire : folcoche (bazin en pire) qui disait la même chose. La jeunesse de ma douce amie a été un enfer, et elle, petit bout de femme a réussi à refaire sa vie, et elle va naitre trois fois. Et sa vie maintenant c'est son père, ses frères, ses soeurs, et moi aussi j'espère. C'est le message à retenir, C'est la victoire des agneaux contre la pire des bergères. Des enfants souffrent aujourd'hui à cause aussi de leur mère, courage les agneaux, au bout du chemin, le bonheur. Et c'est pour eux que saby a accdepté de raconter son espèce d'enfance... Amitiés à tous.
 

janu

Maître Poète
#6
Une Folcoche encore. Hélas ! il y en a et bien de trop
Cela paraît pour les autres qui ont et vénèrent encore leur mère, quelque chose de monstrueux. Et combien à lire tout ce long descriptif d'années maudites, je plains ta compagne de tout mon coeur...Elles comptent tellement les années de l'enfance... A travers ce poème heureusement que les quatrains de la fin apportent la lumière, le réconfort et l'agneau Pascal plus sacrifié
Amitiés à vous deux
 

jacou

Maître Poète
#7
Je suis bouleversé par ton récit ce qu'elle a du enduré ta compagne dans sa jeunesse ....Maintenant tu es là et je vous souhaite le bonheur et beaucoup d'amour
Mes Amitiés
 

Judy

Maître Poète
#8
Une bien douloureuse histoire...comme on en souhaite à personne!...
Je salue le grand courage de ta compagne qui a su se construire ou se reconstruire sur cette "immondice maternelle"
La roue a tourné...le bonheur lui a ouvert les bras et ce n'est que justice!
Bisous. Judy
 

fil2fer

Poète libéré
#9
A tous mon amie a aussi souhaité qu'une sorte de jugement soit rendue sur son enfance. Une façon d'être reconnue comme une victime et non une coupable. Vos commentaires l'ont aidé à encore s'éloigner de ce sale vieux temps. Elle vous remercie à tous.
 

pat38000

Poète libéré
#10
Que de souffrances et de douleurs, cette enfance que l'on traine tout au long de sa vie. La mienne " Folcoche" n'est guère mieux......je te soutiens Fil bisous mon ami.
 
#11
Une bouleversante histoire qui rappelle que la vie n'est pas facile à vivre tout les jours... Petit coeur d'enfant ne devrait pas connaitre les maux des grands et encore moins les subir!

Âme en peine.
 
#12
poème qui raconte une horrible histoire dont j'en ressens la profonde douleur moi qui ai aussi eu une mère qui ne mérite pas le nom de "mère".
Enormes bisous a ta compagne :) et elle a eu beaucoup de courage et de force d'être sortie de tout ça et d'avoir une vraie vie heureuse aujourd'hui... Amitiés Marion
 
#13
Je salue du plus profond respect le courage de Saby et la mise en forme de Fil2fer. Tout cela est énorme et le formidable de la forme se mélange au pétrifiant du fond...
Reste toutefois la beauté, parce que que la fin n'en est pas une : c'est le début d'une nouvelle vie, et belle celle-ci !
Je vous le souhaite de tout coeur... et je suis confiant : à lire vos poèmes, je vous sais un homme bon (on ne peut pas être mauvais et écrire de si belles choses !)
Je suis certain que vous saurez combler tous ses manques...
Très sincèrement.
 

Philaly

Maître Poète
#14
Lorque j'ai lu le titre de ce poème sur ta page...je me suis dit : "il y a un loup dans la bergerie"....
Des fois, qu'est ce que j'aimerais pouvoir me tromper...
J'ai lu un poème si bouleversant, une vrai tempête d'émotions s'est abattue sur moi...
D'autant qu' prenant en compte ta pudeur de Saby, et le choix judicieux de tes mots pour décrire ses années de calvaire....même comme ça, dans cet écrit, pas besoin de lire entre les lignes pour comprendre que nous n'avons eu ici qu'une version light , ou un petit échantillon !!!
Surtout lorsque tu écris ces vers : "
J’ai pu m’habituer à tes marques de soins,
Je me revois glisser sur le dos, sur les fesses
Dans cet appartement où tes seules tendresses
Etaient de me trainer mes cheveux dans tes poings.

On ne peut pas sortir physiquement et psychologiquement indemne de ces actes d'inhumanité...
Je suis heureuse que vous ayez croisé vos routes....pourqu'il lui soit donné de vivre une quatrième vie...avec toi...Longue route...bisous
 

tieram

Maître Poète
#15
C'est avec beaucoup d'émotions que j'ai lu ce poème qui m'a vraiment bouleversé
bravo pour ce courage et cette volonté amicalement bonne journée...

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#16
Merci Mystere de nous avoir fait connaître
Merci Phil d'avoir su traduire pour nous
Merci Sabine d'avoir plus que survécu... Le coeur lourd pour ce dur passé dévoilé avec tant de pudeur... Ce poème partagé doit mettre du baume qui viendra atténuer tes cicatrices faute de les effacer complétement.
Votre amour est surement le meilleur remède pour tourner la page de ces débuts dramatiques.
Une pensée également pour ce père et cette fratrie qui ont réussi à surmonter ces écueils en restant unis.
Belle leçon de courage donnée à quiconque a touché le fond de l'abjection humaine
Excusez mon émotion mais cela fait remonter une situation assez comparable vécue par une personne très proche
Mes amitiés sincères
 

lilasys

Maître Poète
#17
je reconnais là un talent certain !
une histoire vraie conté par un homme vrai ,
triste touchante et dire que ceci existe :
merci Philippe pour ce moment de lecture
bisous de lola