Ce qu'écrit cet homme est tellement merveilleux, éblouissant, lumineux, que j'aimerais l'afficher au ciel dans une langue universelle afin que chaque être humain puisse s'en nourrir et espérer :
"Je ne vais voir la nature que par intermittence, parce que c'est trop beau. C'est comme si je restais trop longtemps devant un coffre plein de pièces d'or et de pierreries : je deviendrais aveugle. Alors, j'emporte seulement deux ou trois pierres précieuses. Dans la campagne, je peux recevoir la même lettre de soleil qu'un petit bosquet d'arbres, et c'est déjà presque trop. Les platanes sont des gens admirables, et la bienveillance de leurs feuilles lie un commerce avec les enfants des écoles. Les fraises des bois ont une lueur terrible, ce sont de toutes petites particules de braise. Quand on se trouve pris dans une magie comme celle-là, on peut être étouffé. À un enchantement il faut un contre-enchantement , et rien n'est plus réconfortant alors que de pointer son doigt sur ce qu'on a vu de beau pour le montrer à quelqu'un d'autre. La beauté surgit si brutalement qu'on peut en être écrasé. Un champignon peut déléguer un parfum pour m'attirer, comme un enfant qui viendrait me tirer par la manche. Quelque chose s'approche de nous jusqu'à ce qu'on l'entende. Ainsi, les tourterelles ont dû se mettre à plusieurs pour arriver à me faire lever la tête et, si elles portaient toutes le même collier noirs, elles étaient beaucoup plus belles que l'olympia de Manet"
CHRISTIAN BOBIN ( extrait de La lumière du monde)
"Je ne vais voir la nature que par intermittence, parce que c'est trop beau. C'est comme si je restais trop longtemps devant un coffre plein de pièces d'or et de pierreries : je deviendrais aveugle. Alors, j'emporte seulement deux ou trois pierres précieuses. Dans la campagne, je peux recevoir la même lettre de soleil qu'un petit bosquet d'arbres, et c'est déjà presque trop. Les platanes sont des gens admirables, et la bienveillance de leurs feuilles lie un commerce avec les enfants des écoles. Les fraises des bois ont une lueur terrible, ce sont de toutes petites particules de braise. Quand on se trouve pris dans une magie comme celle-là, on peut être étouffé. À un enchantement il faut un contre-enchantement , et rien n'est plus réconfortant alors que de pointer son doigt sur ce qu'on a vu de beau pour le montrer à quelqu'un d'autre. La beauté surgit si brutalement qu'on peut en être écrasé. Un champignon peut déléguer un parfum pour m'attirer, comme un enfant qui viendrait me tirer par la manche. Quelque chose s'approche de nous jusqu'à ce qu'on l'entende. Ainsi, les tourterelles ont dû se mettre à plusieurs pour arriver à me faire lever la tête et, si elles portaient toutes le même collier noirs, elles étaient beaucoup plus belles que l'olympia de Manet"
CHRISTIAN BOBIN ( extrait de La lumière du monde)