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Chambre treize

#1
Dans la chambre treize
De l’hôtel du bord de la falaise
Lors d’un sommet animalier
Organisé par des canidés branchés
Un chien rencontre un loup
Ils sympathisent, ils prennent le temps de boire un coup.
De Parler de tout et de rien.
Le Loup avoue au chien
Qu’il se laisserait bien
Mettre une laisse, autour du cou
Et avoir un maître qui le caresse
On dit que ça déstresse.
Mais Il envie surtout
La niche du toutou
Les puces qui ne le démangent plus
La rage qu’il ne craint plus.

Oui, mais tu sais l’ami ma vie de chien
Ce n’est pas toujours rose
Parfois mon maître m’impose
De faire mes besoins
Quand il a le temps de me sortir
Je ne peux même pas choisir
Mon territoire, ni le trottoir
Que je veux arroser

Et encore, moi ça va
Je connais la couleur du ciel
Mais d’autres que moi
Passent leurs vies sous terre
Ne connaissent de ce monde
Qu’un mètre carré du sol
Et elles pondent, elles pondent
Du matin au soir.
Elles picorent et elles pondent
En vain leur désespoir.

C’est vrai, Je mange tous les jours
Peut-être Plus que je ne devrais
Des ronds et des petits cubes colorés
Oui t'as raison, ce n’est pas de la viande
Ce n’est pas mauvais
Il arrive que j’en redemande.
Ça me tord un peu les boyaux
Je dois boire énormément d’eau
Mais On s’y fait.

Et encore moi, ça va
Y'en a, on les nourrit
De chair brûlée, d’os broyés
Qui proviendrait a priori
De membres de leurs familles
Ou d’animaux qui n’ont pas servi.
Face au mur
Du matin au soir
Elles regardent passer le train
De leurs sépultures
Elles mangent sans savoir
Qu’elles devraient brouter
Et On les trait.
Mais qu’est-ce qu’on les trait
A l’aide de tubes d’acier
On leur pompe tout le jus
Et on donne à leurs bébés
Du lait en poudre acheté
Et quand elles ont fini de vieillir
On les tasse dans un camion
Direction l’abattoir
Ce n’est pas joli à voir
Moi je te le dis
Pour une première sortie
Il y a mieux comme destination
Il y fait froid et y'a du sang partout
On les traîne de bout en bout
Ensuite on les assomme comme une dernière caresse
Sur leurs fronts pleins de graisse

Et puis excuse-moi si je continue
A me plaindre un peu fort
J’ai peut-être tord
Et t’as raison, j’ai trop bu
Mais La vie me paraît tellement pénible
Depuis ce jour terrible
Ou mon maître a choisi
Avec des amis à lui
Que je ne pourrai jamais
Connaître la chaleur d’une chienne
Juste la tendresse humaine
Quand il est disposé à m’en donner

Et encore moi, ça va
Mais je ne peux pas m’empêcher de penser
A mon voisin à plumes
Condamné à perpétuité
Parce qu’il a chanté à plein volume
L’amour, sur le rebord d’une fenêtre
Et même derrière les barreaux
Il chante encore, moins fort peut-être
Il chante sa solitude, à son bureau
Y'en a d’autres comme lui
Dans des cages plus grandes, plus jolies
Bien loin de leur pays
Enfermés du soir au matin.
Ils voient chaque jour passer les humains
Tout sourire appareil photo à la main
S’immiscer dans leurs intimités
Se ravir de leurs captivités.
Ils sont aussi sauvages que toi l’ami
Mais on veut le leur faire oublier.

Puis arrête un peu de te moquer
De mon gilet
C’est vrai que je n’en ai pas vraiment besoin
Mais la maîtresse de mon maître y tient
Il paraît que c’est tendance
Ça tire un peu sur les pattes
Ça va dans tous les sens
Quand je me gratte


Et encore moi ça va
Y’en a, on leur retire leur peau
Pour que des femmes se la mettent sur le dos
Ils n’ont pas fini d’agoniser
Qu’ils se retrouvent dépecés
On leur laisse juste leurs yeux
Pour qu’ils puissent voir ce que l’on a fait d’eux.
Comme cette tête de cerf
Suspendue au-dessus de la cheminée
Qui n’arrête pas de me regarder
Et qui commence à me mettre les nerfs.
On devrait l’emmener
Dans ses grands refuges blancs
Où rien que pour s’amuser
On peint le visage de singes, d’orang-outan
Et on les tartine d’huile qui sent pas bon
Après on les lave et ils n’ont pas l’air content.

Oui, les visites chez le véto
Ne m’en parle pas
Et dire que la dernière fois
Cet enfant de salaud
M’a enfoncé ses doigts
Bien profond dans le cul
Et puis on me tenait fort
Pour éviter que je le morde
Et au bout d’un moment, j’en pouvais plus
J’ai commencé à hurler à la lune
Et toi ça te fait rire qu’on m’encule.
En tout cas j’ai plus mal au ventre
J’ai fini par comprendre
Que c’était pour mon bien, par contre
Y'a des souris et des rats
A qui on refile des maladies
Pour les voir souffrir jour et nuit
Les pauvres ils ne s’en remettent pas
Je comprends pas pourquoi
On leurs inflige ça
Alors que moi on m’a guéri
Faut dire, je les aide aussi
J’arrive à retrouver des choses bien cachés
Ou des gens enterrés
Et même comme ça j’ai peur

Pourquoi ?
Tu ne sais pas ce qu’ils font toi
Quand un maître n’a plus besoin de ta compagnie
Il t’emmène dans un abri
Où on te garde enfermé
Des mois entiers
Quand ils en ont assez de te nourrir
Ils te tuent même s’il te reste encore du temps à vivre
Y'a pire tu sais
J’ai vu une fois
Dans un bel endroit
Des gens, en train d’applaudir
Un taureau dégoulinant de sang
Qui n’arrêtait pas de courir
En essayant de retirer les couteaux
Qu’on lui a planté dans le dos.
Et quand il avait enfin fini d’agoniser
Parce que c’était la seule issue qu’on lui proposait
L’homme doré s’est incliné
Et la foule s’est levée

Et tu me dis que tu voudrais
Quand même connaître ça
Ne serait-ce que pour une semaine
Tu es maso ma parole
Et bien je vais te raconter l’histoire folle
De ces moutons qui ont eu la même idée que toi
Et qui ont regretté la chaleur de leurs laines.
Un jour de fête, ils ont rejoint
Les humains pour leurs célébrations
Imagine leur surprise quand ils ont commencé
A se faire ballotter par les enfants
Qui les traînaient de quartier en quartier
Pour comparer leurs corpulences et leurs cornes
Aux autres bovidés invités à la même occasion
Et pour ceux qui n’ont pas fini asphyxiés ou bornés
Ils se sont retrouvés ligotés une patte en l’air
Sous le regard et les cris ahuris de leurs congénères
Qui se voyaient mourir tour à tour
Sans que personne ne viennent à leur secours

Alors mon loup tu m’envies toujours ?
Ma vie auprès des hommes
Cet animal si féroce qui savoure
La peine qu’il inflige à tous ceux qui l’entoure et qui prône
Sa supériorité en commettant, chaque jour, des atrocités
En allant jusqu’à massacrer ses semblables
Oh Ne prends pas cette mine étonnée
Je t’assure il en est capable
C’est vrai que je suis bourré mais je reste sensé

Alors, mon ami maintenant que tu sais
Tiens-toi éloigner de lui
Et fuis, fuis si tu le vois arriver
Car Il ne fera que gâcher ta vie
Ou est-ce peut-être trop tard
Pendant qu’on perd notre temps à boire
Il a eu le temps de s’accaparer ton monde
Et de mettre autour de ton cou
Cette chaîne immonde
Que tu espérais porter au debout de notre rencontre
Alors trinquons mon ami, à notre impuissance
À l’homme et à sa suffisance.
 

lebroc

Maître Poète
#4
Un texte qui nous attire, nous entraîne dans ce monde animal si bien conté
C'est vrai une très belle réflexion
On ne peut pas lâcher cette lecture - C'est superbe
Je m'en vais le relire pour le plaisir
Mille bravos
Bises e à très bientôt
 

iboujo

Maître Poète
#5
Tu décris bien dans ton texte que l'homme cet animal considéré comme supérieur est d' une bassesse et tellement tortionnaire
Vive la cause animale ,A bas les assassins , le plus sauvage n'est pas celui qu'on pense
 

Regalline

Maître Poète
#6
Une divagation qui conte tant d'infortunes..que le souffle même finit par manquer pour exprimer notre indignation...

lol ! nos "compagnons à quatre ou deux pattes" souffrent....vraiment :(


Belle performance , ce morceau....une écriture qui transporte et...porte.....à réfléchir.....aux comportements anti-animaliers...

bravo !

:D
 

janu

Maître Poète
#7
Lafontaine n'aurait pu qu'apprécier cette suite du chien et du loup ! que de détails et de réflexions justifiées
Tu assure la défense des animaux domestiques dont tant d'humains n'imaginenet pas les souffrances
Et j'ai apprécié particulièrement ton horreur de la corrida ! Bravo et...
Amitiés