Les vieux pieds de vigne de Loupiac !
Récit définitif !
Les vieux pieds de vigne de Loupiac… définitif.
Il existe des petits coins de France où les traditions se perdent, hélas !
A Loupiac, l’endroit le plus propice aux rencontres entre gens du pays était naturellement le bistrot. Chacun avait sa petite anecdote à raconter et évidemment même si on ressassait souvent les mêmes anecdotes, c’était toujours avec un égal plaisir que l’on tendait l’oreille pour les écouter autour du bar après quelques tournées au bon vieux rouge ou blanc des coteaux environnants et un bon château Loupiac. C’est quand même quelque chose n’est-ce pas ?
Ce soir-là, en guise d’amuse-gueules allait retentir l’aventure du Gabriel et du Jantou.
Une sacrée rigolade allait s’ensuivre !
En tout début de soirée, on avait déjà évoqué pour chauffer l’ambiance le fameux jour où lors de l’enterrement du pauvre Louis, un très gros pavé lancé avec force était tombé dans la vasque du bénitier au premier rang de l’église, baptisant généreusement une deuxième fois lors de leur sainte existence, une grande partie des grenouilles en pleurs. Cela fera l’objet d’une autre histoire. Toujours est-il qu’elle avait permis au conteur de service de se remémorer celle que je vais vous relater maintenant.
Le fait divers qui va suivre a entretenu les rires bien après qu’il se soit déroulé dans les fermes du grand secteur de Causse et Diège lors des veillées autour d’un bon feu de bois.
Lorsque notre brave Gabriel rentrait du boulot il croisait régulièrement "le Jantou" installé dans son automobile qui devait dater de la dernière guerre, et régulièrement ce chauffard restait en phare alors que la nuit plombait déjà largement le secteur !
Il décuvait au volant car il respectait à la lettre la recommandation du ministère de la santé de l’époque qui préconisait à un travailleur de boire au moins un litre de vin du pays par jour!
Cette phrase était affichée un peu partout dans les lieux du service public, Jantou la connaissait par cœur et retenait surtout la mention sans équivoque «au moins» qu’il appliquait à la lettre, croyez-moi sur parole !
La même mesure était également mise en avant pour le bienfait du tabac !. Enfin, vous l’avez compris le mot d’ordre était : « Tous engagés pour soutenir la viticulture et l’agriculture de notre belle région ! ».
Notre Jantou finissait toujours sa terrible journée dans le bistrot de la Marcelle avec les éternels habitués du coude levé.
Voici en quelques phrases comme a commencé cette histoire.
«Miladiou !…s’exclama le Gabriel, je prends tout le monde ici à témoin ! Je vous fais le pari de trois tournées gratuites que si le Jantou me remet les phares en pleine tronche comme il a l’habitude de le faire presque tous les soirs je lui fonce dessus !».
« T’as que de la gueule, tu ne le feras pas !…», reprirent en cœur les piliers de comptoir.
« Eh bien, c’est ce que l’on va voir ! »
Le Jantou, qui bien entendu était présent a immédiatement pensé : « Il est con, mais pas à ce point quand même !» tout en se réjouissant déjà de picoler gratuitement peu de temps après !
Le soir de la rencontre tant espérée ne tarda pas, alors qu’il roulait tranquillement, Gabriel vit arriver face à lui, feux de route enclenchés l’animal à abattre !
Enfin, c’est ce qu’il pensa, et profitant de l’aubaine sans hésiter une seconde les bras crispés sur son bolide il se dirigea droit vers sa cible !
Il ne le savait pas encore, mais il allait être victime d’un double choc !
Les véhicules s’arrêtèrent net dans un fracas de tôles assourdissant.
Gabriel était fier de lui, son pari il l’avait désormais en poche !
A peine remis de cette intense émotion, il se dégagea de l’épave et vit face à lui deux lumières vives qui le fixaient avec insistance en plein visage !
Qu’avait-il donc fait au bon dieu pour que tant de rayons lumineux de forte intensité s’acharnent ainsi continuellement sur lui ?
Il comprit presque aussitôt et, tout en faisant virevolter son couvre-chef sur sa tête comme il avait pris l’habitude de le faire devant les situations grotesques, il aligna ces paroles qui restèrent à jamais gravées dans la mémoire collective des habitants du village, tant elles étaient appropriées à la scène imprévue !
« Aqueth còp si èi pas tròp lusit ! »
« Ce coup-ci je n’ai pas trop brillé !».
En effet, face à lui deux pandores
du coin se rapprochaient afin d’entreprendre un brin de causette !
Il leur expliqua bien évidemment sans se démonter une seconde, qu’il avait été ébloui par les phares de leur voiture !
On a beau être assermenté on se doit avant tout de respecter le code de la route n’est-ce pas ?
Ils lui demandèrent dans la foulée s’il avait bu, visiblement après quelques exercices physiques appropriés afin de détecter l’alcoolémie du chauffard suspecté. Par un miracle que je ne saurais vous expliquer, ce jour là, Gabriel était resté sobre comme un chameau !
Était-ce dû à une petite cure de désintoxication en prévision du froissement de tôle pour ne pas rater sa cible ?
Les gendarmes n’ont cependant pas reconnu leurs torts et l’ont assigné à se rendre devant un juge au tribunal de Rodez, pour s’expliquer sur cet étrange comportement !
Le jour J, notre homme droit dans son costume en velours trois pièces, montre gousset en poche, expliqua que la voiture officielle était arrivée face à lui en l’aveuglant à la manière d’un soleil rasant un matin d’octobre et qu’il n’avait absolument rien pu faire pour l’éviter !
Il insista sur le fait qu’il n’avait pas bu !
Le jugement a été prononcé sur-le-champ, son explication ayant été suffisamment convaincante aux yeux de la magistrature.
Gabriel est donc ressorti blanchi de l’accusation injuste stipulée dans le procès verbal !
Quand on dit qu’il n’y a pas de justice dans notre pays on se trompe lourdement, notre poivrot vient à l’instant de vous en apporter la preuve formelle !
On n’a jamais su au pays si les agents avaient été réprimandés pour faux en écriture !
Lorsque vous passerez à Loupiac dorénavant, vous aurez je l’espère un autre regard sur l’ancien petit bistrot de la Marcelle.
Le pauvre Gabriel malgré sa bonne volonté, n’a pas eu droit aux trois tournées gratuites, la cible touchée n’ayant pas été la bonne ! il il a dû s’exécuter et payer sa dette !
On est fidèle à sa parole quand on habite Loupiac !
Malgré ce manque de chance évident vous en conviendrez avec moi, dans un élan de générosité que tous les habitués du troquet lui connaissaient et pour asseoir sa réputation de pilier de comptoir éternellement , il
a laissé une coquette somme d’argent à la patronne afin que l’ensemble des pieds de vigne les bras accoudés au comptoir, puissent le jour de son enterrement trinquer et porter plusieurs toasts à la santé de son âme !
Tout en racontant, n’en doutons pas une seconde le petit récit que je viens de coucher sur cette page.
Quant à notre brave Jantou, il a remercié chaque jour le seigneur de sa bienveillance, en propulsant Gabriel miraculeusement dans les bras des forces de l’ordre.
Vous trouverez bien une morale à ce conte véridique ?
Récit définitif !
Les vieux pieds de vigne de Loupiac… définitif.
Il existe des petits coins de France où les traditions se perdent, hélas !
A Loupiac, l’endroit le plus propice aux rencontres entre gens du pays était naturellement le bistrot. Chacun avait sa petite anecdote à raconter et évidemment même si on ressassait souvent les mêmes anecdotes, c’était toujours avec un égal plaisir que l’on tendait l’oreille pour les écouter autour du bar après quelques tournées au bon vieux rouge ou blanc des coteaux environnants et un bon château Loupiac. C’est quand même quelque chose n’est-ce pas ?
Ce soir-là, en guise d’amuse-gueules allait retentir l’aventure du Gabriel et du Jantou.
Une sacrée rigolade allait s’ensuivre !
En tout début de soirée, on avait déjà évoqué pour chauffer l’ambiance le fameux jour où lors de l’enterrement du pauvre Louis, un très gros pavé lancé avec force était tombé dans la vasque du bénitier au premier rang de l’église, baptisant généreusement une deuxième fois lors de leur sainte existence, une grande partie des grenouilles en pleurs. Cela fera l’objet d’une autre histoire. Toujours est-il qu’elle avait permis au conteur de service de se remémorer celle que je vais vous relater maintenant.
Le fait divers qui va suivre a entretenu les rires bien après qu’il se soit déroulé dans les fermes du grand secteur de Causse et Diège lors des veillées autour d’un bon feu de bois.
Lorsque notre brave Gabriel rentrait du boulot il croisait régulièrement "le Jantou" installé dans son automobile qui devait dater de la dernière guerre, et régulièrement ce chauffard restait en phare alors que la nuit plombait déjà largement le secteur !
Il décuvait au volant car il respectait à la lettre la recommandation du ministère de la santé de l’époque qui préconisait à un travailleur de boire au moins un litre de vin du pays par jour!
Cette phrase était affichée un peu partout dans les lieux du service public, Jantou la connaissait par cœur et retenait surtout la mention sans équivoque «au moins» qu’il appliquait à la lettre, croyez-moi sur parole !
La même mesure était également mise en avant pour le bienfait du tabac !. Enfin, vous l’avez compris le mot d’ordre était : « Tous engagés pour soutenir la viticulture et l’agriculture de notre belle région ! ».
Notre Jantou finissait toujours sa terrible journée dans le bistrot de la Marcelle avec les éternels habitués du coude levé.
Voici en quelques phrases comme a commencé cette histoire.
«Miladiou !…s’exclama le Gabriel, je prends tout le monde ici à témoin ! Je vous fais le pari de trois tournées gratuites que si le Jantou me remet les phares en pleine tronche comme il a l’habitude de le faire presque tous les soirs je lui fonce dessus !».
« T’as que de la gueule, tu ne le feras pas !…», reprirent en cœur les piliers de comptoir.
« Eh bien, c’est ce que l’on va voir ! »
Le Jantou, qui bien entendu était présent a immédiatement pensé : « Il est con, mais pas à ce point quand même !» tout en se réjouissant déjà de picoler gratuitement peu de temps après !
Le soir de la rencontre tant espérée ne tarda pas, alors qu’il roulait tranquillement, Gabriel vit arriver face à lui, feux de route enclenchés l’animal à abattre !
Enfin, c’est ce qu’il pensa, et profitant de l’aubaine sans hésiter une seconde les bras crispés sur son bolide il se dirigea droit vers sa cible !
Il ne le savait pas encore, mais il allait être victime d’un double choc !
Les véhicules s’arrêtèrent net dans un fracas de tôles assourdissant.
Gabriel était fier de lui, son pari il l’avait désormais en poche !
A peine remis de cette intense émotion, il se dégagea de l’épave et vit face à lui deux lumières vives qui le fixaient avec insistance en plein visage !
Qu’avait-il donc fait au bon dieu pour que tant de rayons lumineux de forte intensité s’acharnent ainsi continuellement sur lui ?
Il comprit presque aussitôt et, tout en faisant virevolter son couvre-chef sur sa tête comme il avait pris l’habitude de le faire devant les situations grotesques, il aligna ces paroles qui restèrent à jamais gravées dans la mémoire collective des habitants du village, tant elles étaient appropriées à la scène imprévue !
« Aqueth còp si èi pas tròp lusit ! »
« Ce coup-ci je n’ai pas trop brillé !».
En effet, face à lui deux pandores
du coin se rapprochaient afin d’entreprendre un brin de causette !
Il leur expliqua bien évidemment sans se démonter une seconde, qu’il avait été ébloui par les phares de leur voiture !
On a beau être assermenté on se doit avant tout de respecter le code de la route n’est-ce pas ?
Ils lui demandèrent dans la foulée s’il avait bu, visiblement après quelques exercices physiques appropriés afin de détecter l’alcoolémie du chauffard suspecté. Par un miracle que je ne saurais vous expliquer, ce jour là, Gabriel était resté sobre comme un chameau !
Était-ce dû à une petite cure de désintoxication en prévision du froissement de tôle pour ne pas rater sa cible ?
Les gendarmes n’ont cependant pas reconnu leurs torts et l’ont assigné à se rendre devant un juge au tribunal de Rodez, pour s’expliquer sur cet étrange comportement !
Le jour J, notre homme droit dans son costume en velours trois pièces, montre gousset en poche, expliqua que la voiture officielle était arrivée face à lui en l’aveuglant à la manière d’un soleil rasant un matin d’octobre et qu’il n’avait absolument rien pu faire pour l’éviter !
Il insista sur le fait qu’il n’avait pas bu !
Le jugement a été prononcé sur-le-champ, son explication ayant été suffisamment convaincante aux yeux de la magistrature.
Gabriel est donc ressorti blanchi de l’accusation injuste stipulée dans le procès verbal !
Quand on dit qu’il n’y a pas de justice dans notre pays on se trompe lourdement, notre poivrot vient à l’instant de vous en apporter la preuve formelle !
On n’a jamais su au pays si les agents avaient été réprimandés pour faux en écriture !
Lorsque vous passerez à Loupiac dorénavant, vous aurez je l’espère un autre regard sur l’ancien petit bistrot de la Marcelle.
Le pauvre Gabriel malgré sa bonne volonté, n’a pas eu droit aux trois tournées gratuites, la cible touchée n’ayant pas été la bonne ! il il a dû s’exécuter et payer sa dette !
On est fidèle à sa parole quand on habite Loupiac !
Malgré ce manque de chance évident vous en conviendrez avec moi, dans un élan de générosité que tous les habitués du troquet lui connaissaient et pour asseoir sa réputation de pilier de comptoir éternellement , il
a laissé une coquette somme d’argent à la patronne afin que l’ensemble des pieds de vigne les bras accoudés au comptoir, puissent le jour de son enterrement trinquer et porter plusieurs toasts à la santé de son âme !
Tout en racontant, n’en doutons pas une seconde le petit récit que je viens de coucher sur cette page.
Quant à notre brave Jantou, il a remercié chaque jour le seigneur de sa bienveillance, en propulsant Gabriel miraculeusement dans les bras des forces de l’ordre.
Vous trouverez bien une morale à ce conte véridique ?
Dernière édition: