En noir, Poème de Victor HUGO
extrait du recueil «Les Contemplations» (1856)
***
Demain, dès l'aube...
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Aux premières lueurs du jour
Je prendrai la route des cieux
Guidée par ta voix mon amour
Et le souvenir de tes yeux
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
J'avancerai pensant à toi
Hermétique aux sons extérieurs
Le corps enveloppé de froid
Me courbant d'infinie douleur
Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Je ne verrai que le chemin
Sans songer au temps et à l'heure
Et sur ta tombe de chagrin
Je poserai mon cœur en pleurs
extrait du recueil «Les Contemplations» (1856)
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Demain, dès l'aube...
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Aux premières lueurs du jour
Je prendrai la route des cieux
Guidée par ta voix mon amour
Et le souvenir de tes yeux
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
J'avancerai pensant à toi
Hermétique aux sons extérieurs
Le corps enveloppé de froid
Me courbant d'infinie douleur
Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Je ne verrai que le chemin
Sans songer au temps et à l'heure
Et sur ta tombe de chagrin
Je poserai mon cœur en pleurs